Un discours sur l’état de la nation est un acte que la constitution impose au Président de la république. Une fois par an, en fin d’année, le chef de l’état est tenu à se présenter devant les élus du peuple, réunis en congrès (chambre et sénat) pour qu’il leur présente, sous forme de bilan, l’état sociopolitique et économique du pays, suivant la vision qu’il a imprimée à son gouvernement dans la gestion et la coordination des affaires de la nation.
Puisque c’est lui le Président qui a été élu au suffrage universel, peu importe la manière dont les élections se sont déroulées, mais à priori, il lui est ainsi demandé de rendre des comptes à la nation congolaise. Comme tout bon gérant de la république, et pour se faire élire président, il a dû promettre une politique nouvelle en vue de propulser le pays en avant pour le bien de ses habitants. Churchill, homme politique célèbre de l’Angleterre, a pu reconnaître que les promesses, on est en droit de le faire, encore faudra-t-il revenir justement chaque année dire quelles promesses qu’on a pu réaliser, et lesquelles n’ont pu l’être, et dire pourquoi, avant d’en faire d’autres, sinon la population va s’en agacer. Et là, c’est déjà une mauvaise note contre le Président et son gouvernement. On peut promettre, mais il faut se donner la capacité d’accomplir ce qu’on a promis. Sinon, avant d’en faire des nouvelles promesses, il faut savoir vérifier si le choix des animateurs au niveau des ministères a été bon ou mauvais. Bien sûr, l’échec du gouvernement incombe également au Président, puisque c’est lui qui a opéré un mauvais choix de ces animateurs.
Dans le discours de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, on a dû constater qu’il a encore multiplié un chapelet de promesses, de bonnes intentions, alors que le peuple est fatigué de tant d’autres promesses non encore honorées. Son gouvernement en serait la cause ? Sans doute, mais le président endosse finalement cet échec à son niveau directement.
Ce dernier a déploré le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire. Mais, à qui la faute ? Sans doute Félix a-t-il hérité d’une administration judiciaire pourrie et corrompue, mais qu’a-t-il fait pour prendre le balai pour nettoyer la maison justice ? Quand l’impunité et la corruption règnent encore partout, le peuple pourrait-il faire confiance en la capacité de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo de mettre de l’ordre dans cette maison de la justice? Félix semble se contenter de constater ce qui ne va pas, mais se dédouane facilement sur quelqu’un d’autre, alors que c’est lui le magistrat suprême de la nation. Il a parlé du manque d’amélioration de la situation sociale de la population. Oui, il ne suffit pas d’inviter le gouvernement de Sama Lukonde, Premier ministre de s’impliquer davantage dans les jours à venir. Quel programme veut-il voir réaliser, trois ans après l’exercice de son mandat, qui pis est, touche déjà à sa fin, afin que le Congo se porte mieux ?
Dans son combat contre l’insécurité et la guerre dans l’Est du pays, il a décidé de mutualiser les forces avec l’Ouganda. Il y a eu des critiques. Le parlement a-t-il été consulté ? Les uns disent oui, d’autres non ! Quoi qu’il en soit, c’est le président Félix Tshisekedi qui donne ainsi une image brouillée de sa gestion au sommet de l’Etat.
L’impression générale que suscite ce discours présidentiel est d’une grande tristesse. Car, on sait bien que notre pays est tombé très bas, pour le relever il a besoin d’une thérapie non verbale, mais vigoureuse au niveau de la réalisation sur tous les plans de la vie de la nation. Nous ne voulons pas nous attarder sur les huées des uns et les applaudissements des autres qui ont accueilli ce discours, nous voulons plutôt montrer que ce discours manque de conviction, de vision, de gouvernail. Le Congo navigue au gré des vagues. Qu’une vague d’une certaine violence se soulève, elle emportera le pauvre Congo ! Le discours manquait de contenu, car construit seulement sur des belles promesses pour endormir la galerie. Non seulement un discours creux, mais nous avons eu droit aux jérémiades, aux accusations gratuites, aux bonnes intentions et même à un discours truffé de mensonges dans tous sens ! Un discours finalement aux allures de discours de campagne électorale.
Nous regrettons qu’en fait de bilan qu’il devait présenter au peuple congolais devant les représentants de la nation (députés et sénateurs), Félix-Antoine Tshisekedi a cherché à nous distraire par ses nouvelles promesses, il nous a présenté le Congo de ses rêveries dans lequel lui et ses proches collaborateurs planent, en laissant loin de ses soucis le Congo réel dans lequel la majorité de ses compatriotes croupissent dans une extrême misère. Bref, le discours n’a pas été à la hauteur des espérances et des attentes du peuple congolais. Il a tapé à côté de la plaque par manque d’intelligence politique.
L’opinion attendait aussi que le discours aborde la question de la taxe RAM, il n’a même pas fait allusion. Les Congolais attendaient qu’il aborde la question des pilotages systématiques des minerais et de l’argent dans la province du Haut-Katanga, de Lualaba, du Kasaï oriental (la MIBA) par ses proches collaborateurs, il fait semblant d’ignorer cette réalité.
La question de la corruption, comme mode de gestion dans toutes les institutions du pays, il a effleuré le sujet timidement, et sans conviction. L’exploitation de l’aéroport de Goma nous met en face d’un partenariat entre le Rwanda et la RDC. Il n’en a dit aucun mot, et pourtant c’est une question d’actualité chez les Congolais ! La question des massacres des Congolais au Katanga sur leur sol, il est passé sans mot dire. Il aurait pu aborder également une question dont les Congolais parlent souvent, les nominations fantaisistes à caractère tribaliste. Pourquoi y a-t-il non payement des salaires au sein de l’Armée (FARDC), de la Police nationale congolaise (PNC) et surtout la question de la grève des infirmiers du secteur public depuis huit mois, tout cela silence radio !
En soulevant la question sensible du courant de la SNEL et de l’eau de la REGIDESO, Félix aurait dû se rendre compte qu’il a été accueilli par des huées et des moqueries, simplement parce qu’il a voulu se présenter devant l’auguste assemblée en homme saint et innocent, les coupables sont les autres, en l’occurrence les membres de son gouvernement. Mais où était-il quand ces ministres n’avaient pas fait leur devoir ?
En se séparant avec ses anciens partenaires de la FCC, n’avait-il pas déclaré que « KISALU ME BANDA », entendez par là, le travail commence, le peuple venait de se rendre compte que le FCC comme lui-même étaient du même plumage, mais en y ajoutant son incompétence personnelle.
Au terme de long discours démagogique, salué par une grande tristesse d’un peuple laissé à son triste sort, nous dénonçons ce régime de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, qui est un régime de jouisseurs sans aucun idéal pour le peuple. Et le slogan « le peuple d’abord » n’est qu’une parjure de plus pour endormir ce peuple que Félix-Antoine Tshisekedi conduit à l’abattoir sans que le peuple ne puisse broncher.
Bamba di Lelo
Docteur en Sciences politiques de l’UCL
Analyste des Questions politiques du Congo
E.mail: jbadil@hotmail.be