Nous avons abondamment démontré et rappelé, dans nos écrits, que l’un des plus grands et meilleurs acquis du combat de notre peuple pour sa libération et son progrès a été la tenue de la Conférence nationale souveraine (CNS, 7 août 1991-6 décembre 1992) et ses R
résolutions historiques (=Fondements d’un Etat de droit réellement indépendant, souverain, démocratique et prospère).
Dans toute notre Histoire nationale, il n’y a jusqu’à ce jour aucun projet de société comparable ou meilleur par rapport au projet de société issu de la CNS.
Les 2850 délégués à la CNS avaient, pendant seize mois, refait la lecture de toute l’Histoire nationale ; diagnostiqué la nature fondamentale et éminente de la tragédie congolaise, sa cause principale, l’impact, les conséquences et les corollaires de la tragédie dans l’ensemble de notre société et la solution appropriée, valable, définitive et durable capable de mettre fin à la tragédie, de mettre notre Pays sur les rails du progrès et le propulser en avant et en haut sur le chemin de la marche de l’humanité vers la culture, la civilisation et le progrès.
Dans la relecture de toute l’Histoire nationale, les délégués à la CNS ont appliqué le principe du progrès suivi par tous les peuples de la terre, principe selon lequel le progrès se construit par sédimentation : l’histoire humaine est l’enregistrement d’un progrès, l’enregistrement des connaissances qui s’accumulent et de la sagesse qui s’accroît, d’un continuel avancement depuis un degré inférieur jusqu’à un degré supérieur d’intelligence et de bien-être. Chaque génération transmet à la suivante les trésors dont elle a elle-même hérité, modifiés et enrichis de sa propre expérience, agrandis par les fruits de toutes les victoires qu’elle a remportées elles-mêmes. Les progrès et la croissance du bien-être de l’homme sauvé des systèmes déshumanisants sont confiés à présent, dans les pays développés, au système démocratique géré par les Leaders de progrès correspondant à un profil intransigeant.
Il faut remarquer que la CNS s’est beaucoup référée à la 1ère constitution rédigée par les fils du pays : la Constitution démocratique de Luluabourg promulguée le 1er août 1964 par le président Joseph Kasa-Vubu. Tous les acquis positifs du combat de notre Peuple, accumulés dans l’Histoire nationale, ont été conservé et élevés dans une synthèse supérieure dans les résolutions de la CNS.
La relecture de toute l’Histoire nationale avait permis aux délégués de recenser les aspirations profondes et légitimes de notre Peuple, de les identifier, de les définir, de les hiérarchiser en priorités et de les thématiser en un projet de société démocratique national.
Puisque la CNS n’a pas arrêté l’évolution et la dynamique de notre société et de l’Histoire nationale et internationale, il fallait appliquer les résolutions de la CNS comme étant les fondations et les piliers de notre maison et les enrichir progressivement avec des éléments positifs issus de l’évolution de l’Histoire nationale et des valeurs positives issues des cultures et des civilisations des autres peuples et qui sont à la base de leur développement et de leur progrès.
Le combat mené par notre Peuple pour obtenir la tenue de la CNS et son déroulement jusqu’à la prise de ses résolutions a demandé et coûté à notre Peuple l’héroïsme, le courage, la détermination, l’audace, le patriotisme, le dépassement de soi, l’abnégation, les efforts, les sacrifices, les risques, la répression, les relégations, le bannissement, la perte des libertés et des droits, les supplices, les arrestations arbitraires, les licenciements, les renvois des universités et des instituts supérieurs, les traitements cruels, inhumains et dégradants, les assassinats, les massacres de masse.
En refusant d’appliquer les résolutions de la CNS, quel hommage, quel honneur rendons-nous au Martyre de ces compatriotes et à leur mémoire? Qu’est-ce qui prouve que nous avons réellement intériorisé la vision, les valeurs et les objectifs du combat et du progrès? Avons-nous vraiment compris pourquoi nous luttons ? Où se trouvent l’humilité et la reconnaissance de la contribution positive de tant de compatriotes martyrs au combat ?
Sommes-nous sincères ou hypocrites quand nous déclarons sur le toit du monde, à temps et à contre-temps, que nous luttons pour le changement démocratique dans notre Pays ?
Qui peut expliquer la raison pour laquelle les résolutions de la Conférence nationale souveraine sont toujours gardées dans les tiroirs?
Notre conclusion est claire: nombreux compatriotes sont hypocrites et cyniques ; ils luttent insidieusement contre le changement démocratique, ils prospèrent grâce à la tragédie ; ils se nourrissent du sang de notre Peuple et se moquent de sa souffrance, de ses humiliations, de sa misère, de sa désolation et de son deuil permanents.
Fait le 03 novembre 2021.
Pour le Leadership National Congolais de Progrès
Dr François Tshipamba Mpuila
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