Tout le monde en parle. Il s’agit du raid spectaculaire mené, mercredi 1er septembre, sur un convoi civil circulant entre les localités de Komanda et Luna dans le Territoire d’Irumu, en Ituri. Comme à l’accoutumée, cette attaque, aux allures d’ « opération commando », est attribuée, plus à tort qu’à raison, aux prétendus – et insaisissables – « rebelles ougandais » dits « ADF ». Bilan: quatre civils tués et treize automobiles détruites. Le 27 août, dix-neuf paisibles citoyens congolais avaient péri dans des conditions analogues dans le Territoire de Beni.
Revenons au Territoire d’Irumu. Les observateurs ont appris avec stupeur et effroi que les véhicules – une centaine – engagés dans le « cortège fatal » n’étaient pas seuls. Ils étaient « escortés » non seulement par des éléments de la force publique (armée et police) mais aussi par des forces onusiennes. La présence de ces dernières a été confirmée par Thierry Lion, commandant en second des troupes onusiennes. Aucun assaillant n’a été blessé ou tué. Aucun n’a été fait prisonnier.
Comment ne pas donner raison à l’ancien ministre des Affaires étrangères Antipas Mbusa Nyamwisi qui déclarait que « l’ennemi est parmi nous »? C’était dans une interview accordée à Congo Indépendant en décembre 2017. « Antipas » n’a jamais changer de version.
Selon lui, cet « ennemi » n’est autre que « Joseph Kabila » et ses « hommes ». Dès le mois d’octobre 2014, il fut le premier à pointer un doigt accusateur en direction du « général » Muhindo Akili, alias « Mundos ». Interrogé sur le « mobile », Mbusa aura ces mots: « Kabila voudrait entretenir le chaos pour pérenniser son pouvoir ».
Au cours de cet entretien, le leader du RCD/K-ML n’avait pas manqué de relever les déclarations de Bertrand Bisimwa. Président de la « rébellion » pro-rwandaise du M23, ce dernier avait accusé le pouvoir kabiliste de « recruter des bandits parmi les anciens combattants » du M23.
A en croire Mbusa, « Kabila » avait fait poster des « agents de sécurité » dans plusieurs capitales de la sous-région. C’est le cas notamment de: Nairobi, Bujumbura, Kampala et Kigali. Mission: recruter des « bandits » originaires de ces pays, déguisés en « Djiadistes ». Ces informations n’ont jamais été démenties.
Quatre mois après la proclamation de l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, le président Felix Tshisekedi Tshilombo fait face à un défi. Un défi aux allures d’affront personnel. Ceux qui claironnaient récemment que « l’état de siège est un fiasco » doivent boire du petit lait.
Reste qu’il faut être de mauvaise foi pour ne pas constater que « Kabila » a laissé pourrir un « mal » qui a commencé en octobre 2014 pendant qu’il trônait à la tête de l’Etat. Il faut être également de mauvaise foi pour croire que la force publique allait éradiquer en moins de cinq mois les tueurs qui répandent la terreur et la mort dans cette partie du pays depuis cinq ans.
C’est le lieu de revenir sur le cas Jamil Mukulu. Il s’agit de ce citoyen ougandais qui passe pour le leader des ADF. Arrêté en janvier 2015 dans un village tanzanien, « Jamil » fut trouvé en possession de six passeports étrangers dont celui du Congo-Kinshasa. Qui est l’autorité congolaise qui lui aurait délivré ce document de voyage? Pourquoi les autorités diplomatiques de la RDC restent-elles impavides au lieu de mener, depuis 2015, des démarches diplomatiques afin de procéder à la vérification de l’authenticité de ce passeport? Pourquoi ces prétendus « rebelles ougandais » opèrent à partir de la frontière avec l’Ouganda sans menacer la sécurité des personnes et des biens au pays de Yoweri Kaguta Museveni? Trois questions qui restent sans réponses.
Nous l’avons déjà écrit dans Congo Indépendant que Jamil Mukulu n’est pas un inconnu pour le général-major « Joseph Kabila ». Les deux hommes seraient de vieilles connaissances. Selon Antipas Mbusa qui a eu à côtoyer les prétendus « libérateurs » du 17 mai 1997 est formel: Joseph Kabila et Jamil Mukulu ont vécu sous le même toit à Kinshasa au n°55 de l’avenue Bocage, au quartier Ma Campagne.
Il apparait clair que « l’ennemi est et sera parmi nous ». Et ce aussi longtemps que « Fatshi » n’osera crever l’abcès « Jamil Mukulu »…
Baudouin Amba Wetshi