Parti au pouvoir, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a mauvaise presse. Censée briller par la noblesse tant de son discours que de ses actions, le « parti présidentiel » est de plus en plus perçu comme une « organisation fasciste », friande de la violence tant verbale que physique. Procès d’intention? Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’Homme (BCNUDH) répond par la négative. Et tire la sonnette d’alarme à quelques vingt-cinq mois de l’organisation des consultations politiques.
L’UDPS va-t-elle s’ériger en « adversaire invisible » de l’actuel chef de l’Etat, Felix Tshisekedi Tshilombo? A quelques vingt-cinq mois de la convocation des prochains scrutins majeurs, cette formation politique prend, chaque jour, l’allure d’un « repoussoir ». On cherche en vain la modération. On cherche en vain également l’exemplarité autant que la noblesse devant caractériser un « parti majoritaire ». Ici, le discours est resté militant à la limite du fanatisme.
Dans son dernier rapport semestriel au ton réquisitorial, les experts du BCNUDH disent avoir relevé une « tendance inquiétante » dans la multiplication des « cas d’agressions ». Les auteurs présumés de ces actes seraient des personnes « s’identifiant comme membres ou sympathisants » de l’UDPS.
Selon le BCNUDH, les victimes de ces agressions seraient non seulement des militants de l’ECIDé (Engagement pour la citoyenneté et le développement) de Martin Fayulu Madidi mais aussi des journalistes. Il serait reproché à ces derniers des « critiques » formulées contre l’UDPS et ses dirigeants.
Les experts onusiens ne vont pas par quatre chemins. Ils pointent des doigts accusateurs en direction des « parlementaires debout », ces militants fanatisés fonctionnant comme des électrons libres. « Des messages incitant à la haine et la violence contre des adversaires politiques émanant des membres des parlements debout proches » de l’UDPS « ont également été largement diffusés sur les réseaux sociaux », précise ledit rapport.
OUVRIR UNE INFORMATION JUDICIAIRE
Comme pour tirer la sonnette d’alarme, le BCNUDH de souligner que cette situation prend une ampleur préoccupante. Et ce au moment où le pays se rapproche des consultations politiques prévues en 2023.
A en croire le BCNUDH, les responsables des formations politiques ont été « encouragés » de « s’abstenir d’inciter à la violence » et de prendre leur distance par rapport aux individus qui prônent la violence physique ou verbale. Pour cette section de la Monusco, aucune cause ou motif ne peut justifier le recours à la violence.
Pour le BCNUDH, une information judiciaire devrait être ouverte sur ces « incidents ». Il s’agit de constater les infractions et de « punir les auteurs », et, partant, promouvoir un débat politique apaisé et respectueux des droits fondamentaux.
Que l’on se comprenne bien. Le BCNUDH a publié un rapport qui articule des griefs précis à l’encontre des militants du parti présidentiel. Ces derniers ne sont ni jugés ni condamnés. Ils jouissent par conséquent de la présomption d’innocence tant que la justice n’aura pas rendu sa sentence.
GARE A « L’HUMEUR DU MOMENT »
Reste qu’il faut refuser de regarder pour ne pas voir que l’UDPS est en passe de devenir une épine au pied du président Felix Tshisekedi. Le discours et les actions de ce parti frisent la contre-propagande. Le risque est grand que « Fatshi » en paie le prix par « effet boomerang ». Là où le bât blesse est que le chef de l’Etat regarde sans réagir. Il donne l’impression de laisser faire. Devrait-on parler d’impuissance face aux « dérapages » imputables à la « bande au SG » Augustin Kabuya?
Piètre « communicant », le secrétaire général a.i. de l’UDPS a récemment surpris les observateurs en annonçant « un cessez-le-feu » avec l’église catholique. Une déclaration perçue comme un « aveu » de la « guerre » déclarée contre les « calotins » en général et le cardinal Fridolin Ambongo Besungu en particulier. Sous d’autres cieux, Augustin Kabuya aurait été « viré » illico presto.
A quelque vingt-cinq mois de l’organisation des prochaines élections, il n’est pas trop tôt de se méfier de ce que les spécialistes du marketing politique appellent « l’humeur du moment ». Il s’agit d’un état d’esprit qui incite les électeurs à préférer un certain type de candidat à un autre. Et ce juste pour « sortir » le « sortant » et ses « partisans » réputés, à tort ou à raison, arrogants, insolents et brutaux.
Les difficultés des chefs des confessions religieuses à trouver un compromis autour du candidat président de la Commission électorale nationale indépendante devrait inciter à la « méditation ». Question finale: Et si l’UDPS menait, contre son gré, une subtile contre-propagande… « anti-Fatshi »?
Baudouin Amba Wetshi