Le 5 mai à Kinshasa, M. Guylain Nyembo, directeur de cabinet du chef de l’Etat et M. Suhail Albanna, directeur Afrique du groupe Dubaï Port World (DP World), ont signé un accord pour revoir trente-quatre clauses de la convention de mars 2018 relative à la construction du port de Banana. Les clauses en question n’ont pas été révélées.
Suivant un communiqué de presse de DP World, le contrat a été révisé en vue de tenir compte des préoccupations du président Félix Tshisekedi pour que le projet puisse développer les capacités du pays en termes de logistique et de commerce. Et d’accompagner la croissance économique en jouant le rôle d’intégration régionale. Le nouveau contrat amendé sera bientôt signé entre le gouvernement et DP World Group. Ce ne sera qu’après cette étape que les travaux de construction du port vont débuter.
DP WORLD participe au capital à hauteur de 70% et le gouvernement à 30%. La concession pour la gestion et le développement du port de Banana a une durée de 30 ans avec une possibilité de prolongation de 20 ans.
La construction devait être entamée en 2018 et s’étaler sur environ 24 mois, pour un coût d’un milliard de dollars américains. Mais jusqu’ici, il n’y a pas le moindre début des travaux. Le projet connait des retards par suite des dissentions entre les parties. Le contrat de concession fut alors prolongé de 18 mois à compter de mars 2020.
Le Conseil des ministres du 11 septembre 2020 avait demandé aux parties de régler les dissensions dans les 2 semaines. Un document relevant les points de convergence avait été adopté et ajouté dans les contrats d’avenant du projet. Malheureusement, les querelles de leadership entre le président Félix Tshisekedi et son prédécesseur Joseph Kabila firent retarder l’aboutissement du projet.
Dans un communiqué diffusé à Paris le 2 mars 2018, la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF) avait qualifié le montage de « banana papers ».
Dans le projet initial, indique la PPLAAF, une co-entreprise entre DP World et une société qui appartiendrait indirectement à l’ancien chef d’État, tirerait une partie des profits de ce port. Et pour compléter ce dossier, la construction du port serait assurée par une société chinoise, Guang Ping International. Cette dernière aurait signé un contrat logistique avec la société de Alan Wan, homme d’affaires belgo-congolais et épinglé par plusieurs commissions contre la corruption. Le PPLAAF signale que « la gestion du port sera assurée par une société créée pour l’occasion et qui appartiendra à 60% à DPW et à 40% à un Privé RDC ». Selon les lanceurs d’alerte, ce Privé RDC « n’est autre que le président Joseph Kabila ou une personne de son entourage proche. D’après les estimations de DPW, un tel montage permettrait au Privé RDC de gagner plus de 45,3 millions de dollars en sept ans. Comme le sous-entend une lettre envoyée par le PDG de DPW, le Sultan Ahmed Bin Sulayem, au président Joseph Kabila, il s’agissait-là d’une garantie à mettre en place par DPW avant que la RDC n’accepte d’entrer en négociation ».
A noter que la SCPT (Société commerciale des Transports et Ports) revendique de participer à la gestion du port de Banana sous peine de fermeture et de disparition à cause de ses difficultés financières.
Il y a aussi la question de dédommagement équitable des villages qui doivent être relocalisés à la suite de la construction de ce port. Des effets d’entraînement favorable sur l’économie sont attendues de la construction du chemin de fer qui doit relier Banana et Matadi. Il en est de même de la réfection de la route reliant les deux localités ainsi que de la consommation de l’énergie électrique et du ciment.
Gaston Mutamba Lukusa