S’il y a une situation sociale qui devait requérir l’unanimité de tous les Congolais, en dehors naturellement de ceux et celles qui en tirent profit, c’est l’hécatombe qui s’est installée à l’Est du pays depuis l’avènement de l’AFDL à la tête du pays.
Le Congo uni et souverain ne peut voir une partie de son territoire déstabilisée et subir les affres des tueurs et des égorgeurs qui endeuillent chaque jour qui passe une population sans défense. Le scénario macabre n’a cessé de se répéter au cours des années engendrant des morts qui se comptent en millions.
Nous avions un pouvoir, celui de Kabila. Il n’a pu apporter, en dépit de ses 18 années, des solutions. La paix durable n’a jamais été instaurée et surtout, l’autorité de l’État faisait défaut sur une bonne portion du territoire national. Le souhait largement partagé c’était de voir les « médiocres » déguerpir.
Il y a eu un tournant politique qui a amené à une alternance du pouvoir. L’échec de la coalition FCC-CACH a redessiné un nouveau paysage. L’Union sacrée de la nation est désormais aux commandes du pays. Le gouvernement dit des « warriors » est au service il y a peu de temps depuis son investiture par l’Assemblée nationale le lundi 26 avril dernier.
Le signal fort qu’il vient de lancer et qui marque déjà la rupture avec le passé, c’est la proclamation de l’état de siège en Ituri et dans le Nord-Kivu, entré en vigueur le 6 mai 2021, pour restaurer la paix et mettre fin aux massacres des populations des mains des groupes armés qui mènent une guerre asymétrique au pays. C’est un défi énorme, mais à la portée des FARDC étant donné qu’il y a cette fois-ci, plus que jamais, la volonté politique d’agir concrètement et efficacement dans ce sens.
Pour que le but ultime soit atteint, il faudra l’adhésion de toutes les forces vives de la nation. C’est ici où la notion de patriotisme entre en jeu et se révèle déterminant. D’aucuns semblent négliger cet aspect ou croient à tort que le moment décisif où nos forces armées doivent en découdre avec les forces du mal est un temps normal comme nous le vivons tous les jours. Loin de là. C’est un moment exceptionnel où tout le pays doit se lever comme un seul homme pour dire en chœur, cette fois-ci, nous en finissons avec eux ou ils nous exterminent tous. Cette fois-ci, les autorités publiques doivent mettre tous les moyens financiers et technologiques dans cet enjeu qui est salutaire pour la nation. Pacifier l’est et avoir le contrôle sur nos minerais insufflera un dynamisme nouveau sur le développement du pays en l’ouvrant largement aux investisseurs internationaux avec les retombées que cela peut générer.
C’est à ce titre que le Collectif des anciens présidents des chambres du Parlement a signé un document le 5 mai dernier pour soutenir cette mesure exceptionnelle. Il en appelle, par ailleurs, à considérer la situation de l’est non plus comme une priorité, mais comme une urgence et de lui accorder une prise en charge nationale.
S’il faut tracer un parallélisme de cette mesure avec le sport, c’est l’équivalent d’un engagement opposant l’équipe nationale, les Léopards, en match de finale avec un autre pays. Que vous soyez d’accord ou non avec le choix du sélectionneur, du moment où l’équipe est sur le terrain, elle s’attend à recevoir les encouragements de tout le peuple congolais en signe d’engagement patriotique. Car, en cas de victoire ou de défaite, celle-ci affectera tout le monde.
C’est dire qu’il y a des moments dans la vie d’une Nation où il faut taire nos divergences internes, signe de vitalité et d’antagonismes politiques. Car, la pacification de l’Est qui se réalisera bientôt par le sacrifie des éléments de nos forces armées ne sera pas la victoire d’une personne. Elle profitera d’abord au peuple qui était meurtri des années durant ne sachant sur qui compter, alors que l’État congolais est censé le protéger et assurer leur sécurité. Elle profitera à l’économie du pays grâce à la stabilité retrouvée. Enfin, elle profitera à redorer le blason et l’honneur du peuple congolais qui étaient ternis suite à la convoitise de certains pays voisins et aux manœuvres diaboliques de certains groupes d’intérêt au service du néocolonialisme.
L’état de siège a un terme fixé par la Constitution. Au cours de son exécution, tout en étant en prière, en communion, en collaboration avec l’armée et les autorités établies, le peuple est tenu à être vigilant, à accompagner cette action et à dénoncer auprès de qui de droit toute dérive si jamais celle-ci se vérifiait.
Il est à craindre qu’en demandant en ce temps exceptionnel d’être unis, d’abolir le climat malsain des clivages politiques qui n’aident pas nécessairement la cause nationale par son caractère partisan, qu’on interprète cela comme une violation de la liberté d’expression ou encore, comme une obstruction à toutes critiques. Loin de là. L’État de siège est une mesure qui ne fait pas de concessions. Il appelle à une élévation maximale du devoir et du sens patriotique, de la part de tous.
Mwamba Tshibangu