Nommé au poste de Premier ministre le 9 mai dernier, l’ex-secrétaire général adjoint de l’UDPS Bruno Tshibala Nzenzhe a atteint, samedi 19 août, la borne symbolique de « 100 jours ». Qu’est ce qui a changé? Quelles sont les réformes mises en route? Lors des travaux de la « Rencontre citoyenne de la société civile congolaise » – organisée par l’IDGPA (Institut pour la Démocratie, la Gouvernance, la Paix et le Développement en Afrique) du 15 au 17 août en France -, cette question était au centre des discussions en aparté. Coordonnateur national adjoint du Mouvement citoyen pro-démocratie « Filimbi », Robert Njangala a une opinion tranchée: « En 100 jours, rien n’a changé sauf la situation personnelle de Bruno Tshibala… ».
Comme un « cadeau d’anniversaire », le Premier ministre Bruno Tshibala Nzenzhe a quitté Kinshasa vendredi 18 août. Destination: Pretoria. Il est chargé de représenter « Joseph Kabila » au 37ème sommet des chefs d’Etat de la SADC (Communauté de développement des Etats de l’Afrique australe) qui s’y tient du 19 au 20 août. C’est la première sortie à l’étranger du successeur de Samy Badibanga Ntinta.
Dans l’avion, « Bruno » a, sans doute, senti des sifflements à ses oreilles. Et pour cause, son nom est au centre de toutes les conversations. Des analystes tentent de faire le point sur ses « premiers pas » en tant que « chef » du gouvernement.
En marge des travaux de la « Rencontre citoyenne de la société civile congolaise », l’auteur de ces lignes a pu récolter quelques avis sur le sujet auprès notamment de Robert Njangala du Mouvement citoyen « Filimbi ». « En 100 jours, rien n’a changé sauf la situation personnelle de Bruno Tshibala », lance-t-il avec un sourire ironique.
Les rumeurs les plus folles circulent tant à Kinshasa que sur les réseaux sociaux au sujet d’un prétendu enrichissement de l’ex-opposant tshisekediste. Il ne se passe pas un jour sans que les « mauvaises langues » lui attribuent un ou deux appartements dans la commune de la Gombe ou une villa au très bling-bling Quartier « Mont Fleury ».
Depuis son arrivée à la tête de l’exécutif national, Tshibala ne sait où donner de la tête face à une situation socio-économique qui ne cesse de se détériorer à vu d’œil. Au lieu de se présenter devant l’opinion pour se justifier et surtout expliquer « ce qu’il fait », le « Premier » se tait. Certains observateurs le trouvent « effacé ». Trop effacé. « Y a-t-il un Premier ministre au Congo-Kinshasa? », enchaîne, sarcastique, un autre activiste. Et de poursuivre par une rafale de questions: « Que fait-il pendant que les prix des produits de première nécessité ne cessent d’augmenter? Quels sont les actions qu’il a amorcées pour la libération des prisonniers politiques et d’opinion enfermés à Makala? Quand ira-t-il exprimer sa compassion aux Kasaïens refugiés en Angola? »
Dans ses quatre premiers alinéas, l’article 91 de la Constitution définit les prérogatives du gouvernement: « Le gouvernement définit, en concertation avec le Président de la République, la politique de la nation et en assume la responsabilité. Le gouvernement conduit la politique de la nation. La défense, la sécurité et les affaires étrangères sont des domaines de collaboration entre le Président de la République et le gouvernement. Le gouvernement dispose de l’administration publique, des forces armées, de la police nationale et des services de sécurité (…) »
Pour Robert Njangala, l’opinion attendait que le Premier ministre Bruno Tshibala « montre le chemin » des réformes qu’il entendait conduire. « L’opinion attendait beaucoup de Tshibala du fait de sa proximité avec Etienne Tshisekedi wa Mulumba, glisse ce militant de Filimbi. Nous espérions assister à des changements au niveau de la vie quotidienne ». « Le constat est là: Bruno Tshibala a mené la lutte politique non pas pour le bien du grand nombre mais pour son propre ventre… »
B.A.W.