Mardi 19 septembre, les sbires du régime kabiliste ont frappé en Ituri en procédant à l’arrestation des activistes du Mouvement citoyen « Filimbi ». Ceux-ci n’ont violé aucune loi. Ils se préparaient à entamer une marche en mémoire des victimes de la répression du 19 septembre 2016. Parmi les personnes interpellées, on note la présence de Naguy Godhy, coordinatrice provinciale de cette organisation citoyenne. Elle a participé, du 15 au 17 août, à Chantilly, à la rédaction du « Manifeste du Citoyen Congolais, Esili ».
Des militants du Mouvement citoyen « Filimbi » ont été arrêtés mardi 19 septembre en Ituri. Ils sont au nombre de 11. Il leur est reproché d’avoir « préparé » une marche en mémoire des victimes – 50 morts – de la répression du 19 septembre 2016.
Ce jour là les forces acquises au changement avaient notifié à « Joseph Kabila » un « préavis » suite à la non-convocation du scrutin présidentiel 90 jours avant l’expiration du second et dernier mandat présidentiel le 19 décembre 2016. Pour toute réponse, les sicaires du régime ont canardé les protestataires qui ne faisaient qu’exiger le respect de la Constitution.
Selon des sources proches des mouvements citoyens, les activistes interpellés devraient être poursuivis du chef de « désobéissance aux autorités publiques » et de « trouble à l’ordre publique ». Des témoins assurent que les marcheurs n’avaient même pas fait un pas sur la voie publique.
Interrogé par l’AFP, le colonel Prospère Zombo, chef de la police locale, a déclaré que les militants du Filimbi « avaient bravé la décision du maire de Bunia interdisant » cette « démonstration ». Un avis balayé du revers de main par l’avocat des prévenus, Augustin Yaongonda. Celui-ci parle d’une interpellation « inacceptable ».
OU VA LE CONGO-KINSHASA?
En dix-sept années de pouvoir dictatorial, « Joseph Kabila » n’a pas seulement contribué à exacerber les clivages ethniques et régionaux mais aussi à faire monter en puissance l’intolérance politique autant que l’unanimisme. Point de liberté pour les organisations politiques et les mouvements citoyens qui rechignent à faire allégeance à la mouvance kabiliste dite « majorité présidentielle ». Le pays ressemble de plus en plus à une prison en plein air.
Lors des consultations populaires organisées par le régime Mobutu au début des années 90 et des travaux de la Conférence nationale souveraine (1991-1992), les citoyens zaïrois d’alors avaient vomi toute forme de pensée unique. Toute forme d’autoritarisme. « Plus jamais ça », avaient-ils tonné en levant l’option pour la démocratie et l’Etat de droit. L’Etat-AFDL-CPP-PPRD a fait faire à ce pays un grand bond en arrière.
Et pourtant. La Constitution promulguée le 18 février 2006 par… »Joseph Kabila » a institué le « pluralisme politique » (article 6) et les libertés individuelles dont celle d’exprimer ses opinions ou ses convictions (article 23-2). Ce n’était donc que de l’enfumage? Que voit-on? Aux quatre coins du pays, les manifestations publiques sont devenues l’apanage des membres de la mouvance kabiliste. Il faut refuser de regarder pour ne pas voir que le fameux « raïs » est déterminé à s’accrocher au pouvoir.
A quelques 100 jours de la date fatidique du 31 décembre, « Joseph Kabila » et ses acolytes paraissent déterminés à se battre. Réflexion d’un observateur: « le Rassemblement autant que la société civile et les mouvements citoyens doivent sortir de la rhétorique. A défaut, après le 31 décembre 2017 sera égal à avant le 31 décembre 2017 ». Alarmisme?
Mercredi, des organisations de la société civile et des mouvements citoyens ayant participé à la rédaction du « Manifeste du Citoyen, Esili » exigeaient « la libération sans condition » de la coordinatrice provinciale de Filimbi en Ituri ses camarades.
B.A.W.