Banditisme d’Etat!

Dans un rapport publié ce mardi 6 octobre, la très influente organisation non gouvernementale américaine Human Right Watch (HRW) accuse des hauts responsables de l’Agence nationale de renseignements (ANR) et ceux du parti présidentiel, le Parti du peuple pour la reconstruction et…la démocratie (PPRD) d’avoir organisé l’agression des manifestants réunis le 15 septembre à la Place Sainte-Thérése dans la commune kinoise de Ndjili.

Le mardi 15 septembre, des représentants des forces politiques et sociales ont organisé une manifestation politique. Des intervenants se sont succédé à l’estrade pour dénoncer les subterfuges que multiplient « Joseph Kabila » et ses séides à l’approche de la date d’expiration du second et dernier mandat de celui-ci. Le 19 décembre 2016, le président sortant doit procéder à la passation de pouvoir avec le président entrant.

A la surprise générale, des individus non identifiés munis de gourdins, bâtons, cailloux et armes blanches, ont fondu sur le public rassemblé pacifiquement. Bilan: un mort et une dizaine de blessés. Un détail significatif: les policiers présents sont restés indifférents. Aucune information judiciaire n’a été ouverte à ce jour sur ces incidents dignes des régimes fascistes de triste mémoire.

A QUI PROFITE LE CRIME?

Poser cette question, c’est déjà y répondre. Qui d’autre aurait eu intérêt à perturber cette réunion politique? Des témoins assurent que les assaillants ont fait irruption dès que les orateurs ont commencé à citer le nom de « Joseph Kabila » en exigeant la tenue de l’élection présidentielle en novembre 2016. Le « nom » de l’actuel locataire du Palais de la nation serait-il devenu un sujet tabou? Au nom de quel principe? Tout homme public n’est-il pas tenu de rendre compte sur l’exécution de sa mission?

Lors de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011, les Kinois ont vu parader les membres de la fameuse « Ligue des jeunes » du PPRD. Derrière cette douce appellation, se dissimulent des pseudo-sportifs et autres pratiquants des arts martiaux. Leur rôle est d’infliger la « correction » à tous ceux qui critiquent le « raïs » et sa gestion calamiteuse du pays.

Dans son rapport publié mardi 6 octobre, HRW assure que ses investigateurs ont pu approcher plusieurs « gros bras » ayant participé à cette « ratonnade ». Ceux-ci étaient au nombre de 100. Ils ont été recrutés par des « hauts responsables de la sécurité et des responsables du PPRD » dont le très inquiétant « général » Célestin Kanyama. Après une « formation » dans un camp militaire non autrement identifié, ces bandits – le mot n’est pas trop fort – ont reçu instruction d’attaquer dès qu’un des leaders de l’opposition insulterait « Joseph Kabila ». Rétribution: +/- 65 dollars par personne.

Pire, HRW croit savoir que « des agents de l’Agence nationale de renseignements, de la police et de l’armée, tous en tenue civile, auraient également pris part à l’attaque ». Un comble! Le rôle des forces de l’Etat n’est-il pas de représenter l’intérêt général? Le Congo-Kinshasa serait-il devenu un Etat-PPRD?

Le rapport rédigé par Human Right Watch vient confirmer une redoutable réalité. A savoir que depuis le 26 janvier 2001, le Congo dit démocratique est dirigé par des hommes sans foi ni loi. Bref, des bandits d’Etat. « Joseph Kabila » en tête. Un chef d’Etat qui a un minimum de sens de l’honneur ne peut en aucun cas tolérer les agissements décrits par HRW.

En quinze ans, « Joseph Kabila » aura passé le clair de son temps non pas à procurer le bonheur au plus grand nombre. Retors et fourbe, l’actuel numéro un Congolais a consacré son temps ainsi que son énergie à dissimuler son « grand secret » et surtout à traquer tous ceux qui osent fouiller les « poubelles de l’histoire » pour le démasquer.

Près de sept mois après, les observateurs peinent à comprendre l’acharnement du « raïs » et ses sbires sur les jeunes du groupe de pression « Filimbi » dont le « crime » est d’avoir dit haut et fort leur attachement à la bonne gouvernance et à l’alternance démocratique tout en encouragent la jeunesse congolaise à se libérer de la résignation pour un engagement citoyen.

Il faut être naïf pour espérer que « Joseph Kabila » qui a transformé l’Etat congolais en un bien personnel d’un clan pourra faire ouvrir une enquête sur l’enquête menée par HRW. Le système de répression en place lui convient parfaitement. Le remettre en cause équivaudrait, pour lui, à se priver des « béquilles » qui soutiennent son pouvoir. Impopulaire.

 

Baudouin Amba Wetshi

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %