32è sommet de l’UA: Tshisekedi poursuit son « baptême de feu diplomatique »

Le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a pris la parole, dimanche 10 février, lors de l’inauguration du 32ème sommet de l’Union africaine. Le nouveau chef de l’Etat congolais n’a fait aucune annonce forte. Il s’est contenté de rappeler quelques fondamentaux contenus dans son discours d’investiture. Seule nouveauté: il n’a pas réitéré des hommages appuyés à son prédécesseur.

A Addis Abeba, le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a poursuivi, dimanche 8 février, son « baptême du feu diplomatique ». Si à Luanda (Angola), Nairobi (Kenya) et Brazzaville (Congo), les conversations avec ses pairs ont eu lieu en aparté, dans la capitale éthiopienne, « Fatshi » s’est adressé aux chefs d’Etat et de gouvernement réunis dans le cadre de la « grande messe » de l’Union africaine. Une réunion diffusée en mondovision. La prestation a eu valeur de « test » grandeur nature. A-t-il convaincu?

Kabila et Tshisekedi

Dans son discours, le dirigeant congolais n’a fait aucune annonce forte. Il s’est limité à égrener les fondamentaux qui lui tiennent lieu de « feuille de route » au plan interne et externe. Signe de temps, il n’a pas réitéré des hommages appuyés à « Kabila » élevé au rang de « partenaire ».

Au plan interne, Félix Tshisekedi a insisté sur la « passation pacifique de pouvoir » qui a eu lieu le 24 janvier dernier à Kinshasa entre un Président sortant et un Président entrant. Selon lui, cette toute première alternance pacifique en 58 années d’indépendance du Congo-Kinshasa, « devrait honorer toute l’Afrique ». Au motif que « cette passation pacifique des pouvoirs (…) a démenti tous les pronostics du chaos annoncés à l’issue des élections du 30 décembre 2018 ».

« MESSAGE SUBLIMINAL »

Pour lui, cette « passation pacifique des pouvoirs » constitue « la preuve de la maturité du peuple congolais », un peuple qui n’aspire « qu’à la paix ».

Le chef de l’Etat congolais d’estimer que l’alternance intervenue au sommet de l’Etat congolais « augure également une nouvelle ère ». C’est l’occasion pour lui et le peuple congolais d’ « œuvrer sans relâche ni répit » à la consolidation de « la paix et la sécurité ». Sans omettre de lutter contre les « antivaleurs » afin de bâtir un « Etat de droit ».

Au plan externe, le président Tshisekedi qui n’ignore pas que le Congo-Kinshasa est entouré de neuf voisins (Angola, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Burundi, Ouganda, Rwanda, Soudan du Sud, Tanzanie, Zambie) a envoyé trois messages. Le premier porte sur sa ferme résolution à renforcer les relations de « bon voisinage » et le règlement pacifique des différends.

Le second message porte sur la ferme volonté du nouveau pouvoir de « neutraliser » les « groupes armés qui massacrent et sèment la mort et la désolation dans certaines contrées du pays tout particulièrement à Béni et à Butembo ». Une allusion claire notamment aux insaisissables rebelles ougandais des « ADF » qui seraient responsables des tueries cycliques au Nord-Kivu.

Le troisième et dernier message est subliminal. Il semble destiné à tous ceux qui tirent profit du « désordre congolais » pour opérer des razzias au pays. Les dirigeants de certains Etats voisins se reconnaîtront. « Fatshi » a prévenu: « Il n’est donc plus acceptable que mon pays continue d’être indéfiniment victime de la convoitise de ses immenses ressources naturelles ». En revanche, devait-il souligner, le Congo-Kinshasa « s’engage à porter sa contribution à toute action visant la mise en valeur de ses ressources naturelles à travers un partenariat gagnant-gagnant pour le bien-être de l’Afrique et du reste du monde ».

A QUAND LA FORMATION DU GOUVERNEMENT?

Abdel Fattah Al Sissi et Paul Kagame

On ne peut qu’espérer que le successeur de « Joseph Kabila » aura les moyens de son ambition. Il s’agira, pour lui, de faire démentir, par des actes et non par le discours, l’existence d’un « deal secret » en lui et le « raïs ».

En tous cas, la perspective d’un Parlement congolais à majorité pro-kabiliste – autrement dit, l’avènement d’un gouvernement national dominé par ceux-là même qui ont ruiné le pays – n’inspire guère confiance.

Revenons à Addis Abeba pour annoncer qu’un nouveau bureau de l’Union africaine a été désigné. Outre le chef de l’Etat égyptien Abdel Fattah Al Sissi qui assume la présidence tournante, le bureau est composé comme suit: Cyril Ramaphosa, 1er vice-président (Afrique australe), Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, 2ème vice-président (Afrique centrale), Mahmadou Issoufou, 3ème vice-président (Afrique de l’Ouest) et Paul Kagame, 4ème vice-président et rapporteur.

Après ce « baptême du feu diplomatique » apparemment sans faute, le nouveau numéro un Congolais devrait marquer une « pause diplomatique » pour se pencher sur des « affaires domestiques ». Des questions congolo-congolaises. Le retard pris dans la formation de l’exécutif national fait « désordre ». Il en est de même de la présence à ses côtés des personnalités de l’ancien régime. Vous avez dit alternance?

 

Baudouin Amba Wetshi

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